Le nirvana, existe-t-il?
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Le nirvana, existe-t-il?

Investissement et retraite | 19 mai 2020 | Robert Lachance

Robert Lachance, Vice-président ventes - Investissements et Retraite

 

Le 23 mars dernier, il y a presque une éternité, les marchés boursiers à travers la planète atteignaient leur creux. S’en suivit un rebond pour le moins spectaculaire. En avril, les places boursières ont connu leur meilleure performance au cours de 30 dernières années. À titre d’exemple, l’indice S&P 500 bondissait de 12,7 %.

Gracieuseté de NCM Investments

 

Devrions-nous sabler le champagne et crier victoire?

J’ai un petit doute à court terme. À long terme, il n’y a aucun doute que les actions vont représenter la classe d’actif offrant la meilleure performance. La coordination des efforts des gouvernements et des banques centrales, pour relancer les économies à travers le monde, n’a jamais été aussi bonne et les moyens aussi impressionnants. Même dans les jours les plus sombres de la crise financière de 2008, les efforts déployés n’ont jamais été aussi concertés et considérables. Juste à titre d’exemple, la banque centrale américaine, la FED, a injecté des sommes imposantes pour assurer la liquidité du marché obligataire corporatif, et fait exceptionnel (du jamais vu), elle achètera directement des obligations corporatives. On parle d’une intervention de 2 000 milliards et il reste encore d’autres argents si cela devait être nécessaire.

Pour reprendre quelques expressions anglaises bien connues et qui veulent tout dire en quelques mots, « Money is no object » et ma préférée « Sky is the limit ». Comme je l’ai mentionné dans un précédent texte, « Don’t fight the FED ».

 

Après les fleurs, voici le pot!

Maintenant, après les fleurs voici le pot! À court terme, comme je le mentionnais, j’ai quelques réticences. Il est certain qu’un marché en état de panique a tendance à réagir de façon extrême, le creux de mars en est un bon exemple. Un rebond est alors tout à fait logique. Les investisseurs avertis profitent des ventes à rabais pour faire provision de titres exceptionnels à prix exceptionnel. D’ailleurs, plusieurs de nos gestionnaires, qui gardaient un bon niveau de liquidité dans leur portefeuille ont tiré profit de cette situation. À ça, il faut aussi ajouter l’intervention de la FED qui a rassuré les marchés.

Par contre, le marché a réagi, selon plusieurs (dont moi), en croyant à une reprise en V de l’économie, en anticipant de façon prématurée, un retour rapide à la normale et à l’arrivée prochaine d’un vaccin. Malheureusement, la reprise risque fort d’être plus en forme de U. Donc, une reprise un peu plus lente et un retour à la normale échelonné sur une période plus longue. Par contre, soyez assuré qu’il y aura reprise économique.

Maintenant, voici quelques autres facteurs qui pourraient mettre un peu de sable dans l’engrenage de la reprise et amener, tout au moins, un léger repli des marchés au cours des prochains mois. Cela dit, on ne devrait pas revivre le bas du 23 mars dernier.

Premièrement, le marché escompte l’arrivée rapide d’un déconfinement et d’un vaccin. Plusieurs états européens, dont les plus touchés, ont commencé un processus de déconfinement apportant un vent d’optimisme. Du côté vaccin, il y a présentement des études et des essais cliniques qui sont en progrès, mais l’efficacité reste à prouver. La majorité des scientifiques restent prudents dans leurs prédictions et estiment qu’un vaccin efficace pourrait prendre encore de nombreux mois à trouver. N’oubliez pas, en temps normal, un vaccin peut prendre plus 10 ans à développer. Par la suite, il faut le produire en quantité suffisante. Oui, bien sûr, dernièrement, les nouvelles faisaient un grand état d’un médicament, le Remdesivir produit par la compagnie Gilead, qui a donné des résultats prometteurs. Notez, il ne guérit pas, il améliore la santé des personnes infectées par le virus et réduit leur temps d’hospitalisation. C’est effectivement une bonne nouvelle, mais ça ne règle pas le problème.

Du côté américain, bien que certains états voient enfin le pic de la pandémie, les cas augmentent dans d’autres alors que commence le déconfinement. Les marchés ont focalisé sur le positif, mais la crise sanitaire n’est pas terminée et le pic n’a pas encore été atteint.

Deuxièmement, à date, les résultats du premier trimestre 2020 commencent à être publiés. À ce jour l’impact du confinement ne s’est pas fait sentir pleinement. Les résultats du deuxième trimestre risquent de montrer plus clairement les effets de la pause sur leurs bénéfices. De plus, le chômage continue de progresser de façon importante. Comment réagiront les marchés? À suivre…

 

La Chine, la grande coupable?

Depuis le début de la pandémie, les États-Unis ont accusé la Chine d’être à l’origine, par sa mauvaise gestion, de la pandémie qui nous frappe. Depuis, plusieurs pays ont aussi demandé plus de transparence de leur part et une enquête indépendante sur sa gestion. C’est normal que l’on demande à la Chine de rendre des comptes, mais où la situation s’envenime c’est au sujet de la rhétorique américaine qui demande des compensations financières et à défaut, l’imposition de tarifs douaniers. Une guerre commerciale entre ces deux pays ne serait pas, dans l’état actuel des choses, souhaitable et pourrait entraver la reprise économique. Encore une fois, le marché ne semble pas escompter cet élément.

Finalement, du côté de la zone euro, l’Allemagne et la Banque Centrale Européenne (BCE) sont en divergence sur le rôle et les actions que cette dernière peut prendre pour stabiliser et relancer la croissance économique. Ce bras de fer pourrait ralentir la mise en place des plans de relance.

Ainsi, comme vous pouvez le constater, l’avenir à plus long terme est très prometteur, mais à court terme il reste des nuages dans le ciel et sortir sans parapluie serait quelque peu hasardeux, la prudence est selon moi de mise. Je dirais qu’il faut être d’un optimisme prudent.

 

Maintenant, une fois le scénario établi, que devrions-nous faire?

Pour le conseiller, le rebond représente une belle occasion pour revisiter les portefeuilles. Le rééquilibrage est toujours de mise pour s’assurer que le portefeuille du client respecte son profil d’investisseur. Comme les marchés ont remonté, cet exercice devrait avoir un impact fiscal limité dans le cas d’un compte non enregistré. Par contre, un investisseur possédant des liquidités peut atteindre le même objectif en investissant de façon à ramener l’équilibre de son portefeuille.

Il est peut-être aussi approprié de vous assurer que votre sélection de fonds est toujours pertinente et que ceux-ci répondent toujours à vos attentes. On peut aussi favoriser des fonds qui sont moins volatils.

«Au-delà de ces ajustements, il faut résister à la tentation de se mettre sur les lignes de côté et attendre la fin de la tempête, car après tout, c’est sur le terrain que les parties se gagnent…»

Pour le nouvel investisseur, une entrée progressive par sommes fixes est sûrement une excellente stratégie. Si le marché corrige, il en profitera. Et si le marché monte, il y aura au moins une partie du portefeuille qui sera investi. C’est une bonne stratégie pour éviter, à court terme, une mauvaise expérience au client.

Comme toujours, si vous avez des questions, n’hésitez pas à communiquer avec votre Directeur - Investissement et retraite chez Groupe Cloutier.

 

 

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